dimanche 22 décembre 2019

une très discriminante logique du mimétisme

Premier cours de littérature dans sa prépa toulousaine. Julie (le prénom a été modifié) reste muette. Elle observe ébahie ses camarades prendre la parole et s’exprimer sur l’œuvre étudiée. «Ils m’impressionnaient par leurs connaissances. Devant leurs phrases si bien construites, je me suis dit : “Des gens savent vraiment parler comme ça ?” Les mots qu’ils employaient voulaient dire tout ce que je ressentais et que je n’arrivais pas à nommer.» Julie a grandi dans un petit village, à deux heures de la capitale occitane. Ses parents ont connu, enfants, la grande précarité, et Julie est la première de la famille à arriver jusqu’au bac.

Porté par la dynamique des « trente glorieuses », son père a monté son imprimerie et connu une ascension sociale. Aujourd’hui, la famille vit confortablement mais, à table, on ne parle ni littérature, ni cinéma, ni histoire.

Quand Julie, bonne élève au lycée, choisit d’aller en prépa littéraire, elle est loin d’imaginer le choc qui sera le sien au contact de ses nouveaux camarades. « Je me suis vite sentie en décalage. Beaucoup venaient de familles de professeurs, ils avaient grandi en écoutant France Inter, étaient allés plusieurs fois au musée et avaient beaucoup de connaissances politiques ou historiques qui m’étaient inconnues. »
Auteure : Alice Raybaud
Le Monde, 22 mai 2019
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#culture générale #inégalité

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