Primé au dernier Sundance Film Festival, UN SOIR EN TOSCANE est le 4ème long-métrage de l’auteur polonais Jacek Borcuch. Un drame subtil et poétique interrogeant l’identité européenne et les angoisses contemporaines, mais aussi un captivant portrait de femme porté par la composition impressionnante de Krystyna Janda, la Gena Rowlands polonaise.
Maria Linde, poétesse et prix Nobel juive polonaise, s’est retirée loin des mondanités et des conventions dans une petite ville de Toscane, où elle vit libre et heureuse, entourée de son mari aimant, sa fille, ses petits-enfants, ses amis et son jeune amant d’origine égyptienne. Cependant, des tensions et des angoisses se font sentir dans la région avec l’afflux de réfugiés. Après un attentat à Rome, le sentiment de peur, de suspicion et de mépris par rapport aux étrangers augmente. Refusant l'hypocrisie ambiante et persistant à croire en un monde plus harmonieux, Maria est amenée lors d’une remise de prix à faire une déclaration qui va faire scandale et contribuer involontairement à faire monter la violence raciste...
Grâce à un scénario profond et déjouant toutes les attentes, le réalisateur dévoile peu à peu, derrière l’intellectuelle renommée, une femme complexe, à la fois chaleureuse, compatissante, généreuse, mais aussi têtue et polémique. Piétinant les conventions et refusant d’apparaître comme une « autorité morale », Maria Linde revendique son droit à la « désobéissance » et à la liberté de pensée et de parole. Rétive aux compromissions, elle ne souhaite pas faire partie d'un monde gouverné par la peur de l'Autre, un monde qui encourage l'établissement de murs entre les nations et les peuples et qui n'a pas de réponse crédible à la crise morale qui y sévit depuis plusieurs années : camps de réfugiés financés avec l’argent de l’Etat mais gérés par la Mafia, protocoles européens et bureaucratie ralentissant toutes les actions, généralisation des fake news ou encore tolérance feinte…
En captant avec finesse le discours et la trajectoire de ce personnage très « politiquement incorrect », le réalisateur signe une œuvre brillante et inconfortable. Ou comment mettre “les pieds dans le plat” pour éveiller avec intelligence les consciences !
Au cinéma le 5 février 2020.
#cinéma #un soir en toscane #jacek borcuch #krystyna janda #kasia smutniak
#racisme #réfugiés
#filmsartessai #sundance film festival
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire